Gérard Tramoni, 46 ans, incarcéré depuis le mois d'octobre 2021, a été condamné à sept ans de prison, dont deux avec sursis, pour des violences avec arme commises le 25 septembre 2021 sur la commune de Cuttoli-Corticchiato sur un agriculteur avec lequel il venait d'avoir une altercation.
L'audience de ce mardi 17 septembre a permis de valider le statut de victime de la partie civile et de prononcer une peine à l'encontre du prévenu, Gérard Tramoni, condamné à 7 ans de prison, dont deux avec sursis.
Le 25 septembre 2021, Gérard Tramoni, 46 ans aujourd'hui, a tiré à la chevrotine, "à une distance de plus de 20 mètres, selon différentes expertises", sur un exploitant agricole de 49 ans sur la commune de Cuttoli-Corticchiato.
S'il y a eu deux ou trois coups ? Les versions divergent. Pour autant, l'information, comme l'indique le procureur Nicolas Septe, peut-être pour inciter les parties à tendre vers la vérité, "ne va pas changer la face du monde". À la barre, le prévenu écarte tout de suite l'intention homicide : "Je voulais lui faire peur". Il précise que la victime, alors au sol, aurait dit : "C'est bon, ça fait un à un".
Le tribunal a cherché, tout au long des six heures d'audience, à comprendre ce qui avait conduit un jeune père de famille inséré, certes déjà condamné pour des violences commises en 2008, à ouvrir le feu sur un autre père de famille "travailleur", comme se décrit, elle-même, la victime.
Pour appréhender ce qui s'est produit ce 25 septembre 2021 dans l'après-midi, il faut remonter quelques instants auparavant, lorsque Gérard Tramoni comprend qu'un feu s'est déclaré sur le terrain familial de l'homme qu'il a pris pour cible. "Au départ, je vais pour les aider à rentrer les bêtes et j'ai vu sa femme s'en aller", indique à la barre le prévenu. Les parties civiles décrivent un homme "en colère".
Des coups précèdent les tirs
"Ma femme m'a appelé, indique la victime, venue raconter sa version à la barre. Elle m'a dit : ''Gérard monte, il s'en est pris à moi, il dit qu'on a mis le feu, il te cherche''. Cinq à dix minutes plus tard, il est arrivé chez moi, sur mon exploitation, en montrant le feu et me disant : ''Tu te rends compte, enculé''. Alors je lui ai mis un coup de tête et deux coups de poing et puis je lui ai dit : ''Maintenant tu t'en vas, que je te voie plus ici''".
Gérard Tramoni, lui, décrit un lynchage, que l'enquête ne démontre pas en l'absence de certificats médicaux en date du 25 septembre 2021, le prévenu ayant pris la fuite durant plusieurs jours. "Il m'a obligé à m'excuser pour avoir mal parlé à sa femme. Mais il ne s'était rien passé de particulier avec sa femme, je ne comprends pas pourquoi il m'a frappé comme ça".
"Le tribunal non plus", confie Madeleine Kovalevsky qui préside l'audience. "Il y avait des antécédents entre vous ?", questionne-t-elle. Gérard Tramoni n'en trouve pas à relater.
La victime oui : "Le feu, ce n'était qu'une excuse pour régler ses comptes avec moi". Il raconte alors au tribunal que chasseurs, randonneurs et cueilleurs, de champignons ou d'asperges, parcourent régulièrement ses terres qui s'étendent sur 180 hectares. "C'est chez moi, mais c'est un territoire que tout le monde peut emprunter. Le problème, c'est que Gérard il ne partage plus rien, même pas les sangliers, il avait une attitude de prédateur", analyse la victime à la barre. Le prévenu conteste, d'un simple mouvement de tête.
"L'excuse de provocation"
Interrogée sur ses séquelles, la victime aborde l'aspect psychologique : "Je travaille là où les faits se sont produits, psychologiquement c'est difficile. La haine vous empêche d'être heureux, elle m'empêche d'être heureux. C'est un désastre humain ce qui s'est passé".
"Qu'attendez-vous de la justice", questionne alors la présidente. "Le droit de vivre en paix chez moi. Je ne veux plus jamais voir Gérard Tramoni chez moi", sollicite la victime.
Me Sophie Jonquet et son élève avocat, Dylan Champeau, ont plaidé en faveur de l'intention homicide aux intérêts des parties civiles.
Me Camille Romani, en défense, est revenu en détail sur la journée du 25 septembre et a rappelé au tribunal qu'il existait, dans le code de procédure pénale, "l'excuse de provocation". "Cela n'existe plus, mais j'aurais pu vous le plaider. Il n'a pas agi par peur, il a agi sous la colère", poursuit le pénaliste qui ajoute que si son client est "le principal responsable, il n'est pas le seul".